Outil gratuit et accessible à tous
Florence Bouvry
Voyager est fatal aux préjugés, à l'intolérance et à l'étroitesse d'esprit- Mark Twain.
Cheminer le Monde-Penser l'actuel
Fabio la Roca
Claude Lévi-Strauss écrit dans Tristes Tropiques, 1955 :" Pour l’ethnologue, le voyage n'est pas un but : c'est un moyen, un moyen indispensable et ce qui compte, ce n'est pas du tout le côté touristique mais ce que nous rapportons de connaissances et d'informations ».
L'expérience du voyage est un vasistas sur le monde, une anthropologie du monde, un "Usage du monde" pour reprendre le titre de N. Bouvier, 1963. L'expérience du voyage c'est éprouver le rapport entre recueils géographiques-atlas- et géographie, entre géographie et littérature; c'est aussi la place de l'expression du moi dans le récit du voyage.
Pour Philippe Descola, la circulation des images, des objets nous fait croire que l’on partage un système de valeur universel. En dehors du désir de se procurer des biens sur un marché et d’avoir les ressources pour le faire, chacun des présents de la diversité humaine varie. Les modes de vie, les aspirations, les valeurs continuent à différer profondément. Notre présent, c’est-à-dire notre capacité à nous projeter dans l’avenir en faisant référence à un passé, diffère selon les lieux et les communautés. Le seul présent collectif, c’est celui de l’état de la planète, mais même celui-là n’a pas la même force, la même pertinence et la même urgence pour tout le monde.
Avoir la fonction d’auteur et prendre pour objet de réflexion le monde social, c’est avoir pour rôle de décrire, donner à voir et méditer sur notre contemporain, notre rapport au monde.
Réfléchir le présent c’est penser aux manières dont nous et les autres habitons- cohabitons le réel, l'actuel.
5-16 Octobre 2022
La Crète était considérée dans l’Antiquité comme le centre du monde parce que située à égale distance de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie : à 310 kilomètres d’Athènes, 250 kilomètres des côtes du Magne, 320 kilomètres de la Libye et 530 kilomètres d’Antalya.
Sur les traces des néolithiques premiers peuplements -6000/2000- à la découverte des fresques et des poteries décorées de la civilisation minoenne -2700-1420 AJC, des Mycéniens…
A la recherche de la flore crétoise dont 311 sont endémiques et 57 sont asiatiques mais inconnues en Europe.
L’olivier est le roi de la Crète et les plantations constituent une quasi-monoculture dans la moitié Est de l’île où est produite une grande partie de l’huile d’olive grecque.
Photographies de l'Auteur
08/02/2025
31-décembre 2024 au 20 janvier2025
Sur les traces de Sindbad le marin, ancêtre mythique des 1001 nuits. Terre de l'encens des rois mages et des dattes qui clôt la péninsule arabique. Terres désertiques ponctuées d'une multitude de forts défensifs surplombés par Djebel Shams "montagne du soleil" -3009m- et par Djebel Akhdar "montagne verte". Où fermer 2024 et démarrer l'année 2025
Photographies de l'auteur
Trajet 31-décembre 2024/20 janvier2025
-Ibra (al Hawiya -Al Raka- al Mintarib-al Mudhaireb)
al bustan (idem)- quantab (idem)- fjord de bandar Al Khairan (point de vue) sifah ash sheikh (on remonte le passé du mode de vie)-
KHASAB (Péninsule Musandam)
Description
Départ en avion différé d'une heure. Serrés comme des harengs saurs à l'image de ceux vendus en paquets sous vide. Une clim aromatisée d'une odeur de déodorant bas prix - good parfuummme- m'a répondu l'hôtesse. Certes excellent allergène... Un repas du même acabit...l'arrivée à Mascate 5h du matin 8h à Oman: et d'un coup de 7 h de vol du carlingue "souillon de cendrillon- tu te retrouves dans le palais du prince. L'aéroport rutile de marbre poli, du sol au plafond, des wc aux zones de transit et d'attente, une armada
de "Monsieur-Madame Propre s'active après les pas des voyageurs à redonner son lustre au sol.
La voiture clefs en main, je m'en remets totalement à Google Maps pour retrouver l'hôtel - je n'ai pas le choix- pourvu que cela marche...
Je découvre cette ville -Mascate- construite comme Brasília sur un désert "vierge où les architectes sans limite d'espace s'en donnèrent à cœur joie, oubliant le rapport aux dimensions humaines. La ville se déploie sur plus de 28 kms pour atteindre l'ancien port -Mutrah vrai bijou au temps de Zanzibar et des Portugais- de part et d'autre d'une autoroute centrale-voire une quatre voies- ( flux incessant de voitures) qui sont l'équivalent de nos avenues parisiennes. Aucun passage piétons, tu attends une 1ère fois un écart vide pour passer entre deux bolides et rebelote pour la deuxième voie : génial pour les invalides avec une canne qui ne courent pas comme des lapins, tu peux y passer un certain temps... et t'administrer quelques frayeurs.
La mer est proche mais inaccessible à l’œil. Et de l'autre côté une montagne de rocks ocres sans la moindre verdure ceinture la ville taillée à coup de forçats dans celle-ci.
Seule une végétation artificielle, plantée aux alentours du quartier "royal" entretenue au cordeau. Les enseignes lumineuses bien contemporaines envahissent et contrastent les murs blancs des architectures urbaines. C'est une ville sans âme.
De loin domine le minaret de la grande mosquée du Sultan Qaboos à l'initiative du développement d'Oman, construite à l'image des mosquées les plus somptueuses de l'Orient- Moyen Orient, de l'Inde etc. propose des références à la mosquée de Cordoue autant celle-ci décharge une émotion intense celle du Sultan Qaboos nous laisse pantois d'admiration face à la débauche d'une excellence de corps de métiers du lustre de 600 000 cristaux sertis d'or- 1200 ampoules- 6 tonnes et.... mesure 16 m de haut (la taille d'un immeuble) au tissage du tapis de 4200 m2 - plus grand qu'un terrain de foot- pesant 21 tonnes.... ; sans oublier le travail du bois, les faïences ... les parties du tout, ces détails qui raffinent l'ensemble, dialoguent en symétrie toujours et forcent notre stupéfaction, admiration face à notre incompréhension de cet accomplissement d' une harmonie si totale, d'une harmonie "Divine".
Jardin-détail de la Grande mosquée du Sultan Quaboos
Lustre et tapis de la Grande Mosquée
Détails
Mutrah-L'ancienne ville
Sour
Entre ce que les lectures des guides, des blogs etc vous promettent et la réalité il y a non pas un interstice mais une faille.
Tout d'abord détestant prendre une voiture à laquelle on est obligé de s'en remettre totalement pour le bon déroulement du voyage j'appréhendais l'état des routes qui devaient rendre très difficile la visite de lieux nécessitant un 4x4 plutôt une berline c'était sans compter sur les chantiers pharaoniques de ces pays riches de pétrole. Les routes sont des quatre voies entretenues comme les sols des lieux à coup de balais -lavettes à longueur de quart d'heure.
Par contre mon "chef" google a du mal à se retrouver dans ces dédales de villages abandonnés. Ruines en pisé des reflets d'une magnificence des tribus passées. Il me faut une sacrée ténacité pour aller là où je veux constater ces lambeaux de splendeur d'époques révolues, entrelacés dans les lacis de la construction urbaine tentaculaire. Le désert se bétonne- moyen parait il de contenir les dunes de sable. "La messe est dite"...
C'est la période de vacances scolaires pour les Omanais et j'observe qu'ils voyagent en famille avec les enfants - femmes et hommes semblent se répartir +-les tâches. Il règne ici un climat de douceur , l'agressivité n'est pas apparente. Les gens sont gentils, toujours prêts à vous aider, à tout lâcher pour vous guider.
Depuis le 2 janvier j'ai longé la côte de Mascate jusqu'à Sour le port le plus septentrional d'Oman avec son fort. Une très belle rade avec ce chantier naval improbable de fabrications, réparations de navires-bateaux où se côtoient les techniques ancestrales et la technique de la - fibre de verre. Le charme en plus vaste d'Essaouira -Maroc mais victime de ses très belles plages se transforme en résidence secondaire des nantis de Mascate et les villas "tapes à l’œil" surgissent sur les bords de plages comme les hordes de criquets s'abattant sur les champs.
Les souks n'ont pas le charme de ceux du Magreb, d'Afrique noire. Ils sont "clean" à l'image du reste, rutilants toujours de marbre bien compartimentés, les poireaux ne côtoient pas la rayonne des djellabas.
Tout au long de la route l'escroquerie touristique. vente des villages, des trous d'eau ..vaste fumisterie.
j'ai attaqué le désert depuis 2 jours. Désert de pierres, terres crevassées, craquelées, éboulées qui me rappellent les paysages vers Las Vegas. La route -4/2 voies- surface béton- fracasse ces espaces arides, voire hostiles sous un soleil ardent qui brûle le bras de la conductrice sans méfiance et nous tient à distance de cette étendue de terre offerte au regard. Il faudrait emprunter des pistes pour s'y envelopper-s'y immerger; comme quand J'ai foulé les dunes de sable ocre pendant quelques heures jusqu'au coucher de soleil et l'apparition de la première étoile, retrouvant cette si grande émotion lors de ma découverte de cette " dimmensité" à perte de regard dans le Hoggard et le Tassili il y a + 40 ans. Tu t'infiltres enfin dans l'horizon , tu te coules dans cette échappée du regard.
Des villages neufs pointillent de blanc l'horizon écrasant trop souvent les millénaires de culture.
Là tout commence pour moi à la recherche de ces tribus de naguère, ennemies le plus souvent qui construisirent des villes fortifiées avec des tours de guet , des maisons crénelées réservées aux fêtes - cérémonies administratives des villages; architectures à l'abandon, parfois restaurées , lambeaux fastueux de leur passé. Balade seule à travers ces éboulis de pisé que je partage avec les chats faméliques à la recherche de ce qui a été. Ce sont des oasis, des palmeraies avec ce système d'irrigation exceptionnel -Falaj- qui irrigue chaque parcelle puisant l'eau souterraine. Incompréhension du regard devant ce jaillissement de verdure et de vie au milieu de ces étendues -mirages- aux touffes d'acacias épineux dont se repaissent certains animaux.
Al Ayjah Castle
Mosquée et fort en ruine Al Hamouda-Jalan Bani bu Ali
Village Jalan Bani bu Ali?
J'arrive au terme de la 1ère partie de mon voyage entamé à partir de Sour par le désert de wahiba aux étendues de sables et de vagues -ondulations- de dunes rouges, à travers la montagne du Hajjar avec pour guide les cimes Jebel Akhdar et Shams en éperons à la recherche hors des sentiers battus des villages de boues séchées -terres crues- à l'abandon, que les pluies lessivent au fil du temps désertés entre autre au profit d'une modernité de cubes -parallélépipèdes-ocres/ blancs sans création innovante, agglomérations s'étirant sur des kilomètres le long des 2/4 voies bitumées source de chaleur assurée; des forts aux architectures somptueuses, aux rôle variés de la protection d'une passe de montagne, d'un port voire d'une région toute entière contre ,depuis la nuit des temps, les convoitises des Perses, Mongols, Yéménites, Portugais.... je pourrais envisager une thèse sur la nomenclature de ces architectures. Cette quête de ces habitats décrivant le passé fut le but de découvrir les paysages dans lesquels ils se sont implantés et m'ont entrainé à prendre des chemins de traverse pour être au plus près de ces montagnes arides transpercées, entaillées par une multitude de wadis -lits de rivières- plus ou moins asséchés d'où surgit une eau improbable alimentant les palmeraies autour desquelles s'implantèrent les anciens et nouveaux villages. On pourrait dire voire affirmer que ces montagnes arides sont un réservoir d'eau insoupçonné. En empruntant ces axes peu fréquentés j'ai respiré l'odeur de la paille souillée, de la bouse de vaches , de la pisse âcre, des crottes de dromadaires; j'ai entendu le cocorico du coq et admiré la variation des verts des jeunes plants de mais , des bananiers, des goyaviers etc en contraste avec les ocres bruns, rouges des parois montagneuses "enserrantes", défensives , gardiennes depuis la nuit des temps de ces vies éloignées.
À vouloir le 11 janvier être au plus près "Google chef" m'a plantée "Grave de chez Grave" et m'a fait vivre pendant 14 kms une de mes plus grandes tensions dans ma vie - la 1ère étant par force 8/9 à maintenir la barre d'un voilier de 14 m en pleine nuit noire dans le Golf du lion à jeter des haussières pour freiner le bateau balloté, brimbalé, dans des vagues déferlantes de 7/8 m de haut pendant que les garçons réparaient la baume de trinquette de la goélette- je me suis retrouvée sur un chemin de pierres -lit de rivières-pour 4/4 affirmé , étroit, de la largeur de la berline, enserré entre deux parois montagneuses, sentier de muletiers aplani parfois avec du sable et ou du gravier sur un dénivelé oscillant entre 100/-200 m avec ma Torpédo... sans réseau, impossible de manœuvrer, tétanisée par ce chemin devant moi, ce trait car il s'agissait bien d'un trait haché, torturé, noué qui se dessinait devant moi au fur et à mesure que j'avançais en montagnes russes , traversant des flaques d'eau, arrimée à ma Torpedo, accrochée au volant, au frein, évoluant à 5 à l'heure pour éviter les cailloux pointus, et l'enlisement... le cœur prêt à exploser-il a tenu, je ne suis pas prête de faire un infarctus-- heureusement cette voiture automatique a 3 vitesses que j'ai découvertes et expérimentées pour donner de la force au moteur. Je suis prête pour la Namibie. Même pas un coup à boire à la sortie de ce cauchemar ensoleillé. Deux boucs accompagnés de leur harem sur le sentier. Inutile de dire que je n'ai pas eu le temps de les apprivoiser tendue face à ce chemin invraisemblable, ni même d'admirer les alentours, le regard bien trop vissé, fixé sur ce trait rocailleux. Qu'étais-je venue faire dans cette galère, mais qu'étais-je venue faire dans cette galère. Heureusement Jupiter -la chance- était avec moi. La voiture a résisté et j'ai poursuivi ma route une fois le bitume récupéré. Un 4/4 que j'avais croisé -au tiers du parcours-heureusement sur une partie un peu plus large ne pouvait ni m'aider ni même me dire où j'étais -"vous en avez encore pour 10 kms au moins et comme je repasse dans une heure si vous êtes encore là je vous pousserais" Encourageant!....
Ce pays "Oman " est composé à 40% d'une population immigrée en majorité Indienne bien implantée depuis le 17ème, Bangladesh et Pakistanaise.
Le fait d'être seule provoque uniquement de l'étonnement. Je n'ai pas ressenti la moindre animosité, ni vécu la moindre tension dans cette Monarchie absolue - est-ce le régime à l'eau ?-. Les femmes ont un grand degré d'instruction et occupent des postes d'importance dans la vie administrative. Il règne ici une certaine égalité et respect de l'autre même si la religion n'accorde pas encore les mêmes droits aux femmes mais le Sultanat s'attèle à créer des lois pour elles . Ces hommes sont tous des princes avec ces coiffes et ces djellabas.
J'attaque la dernière partie de cette escapade routière, la côte, la mer et les fjords. Conduite beaucoup plus détendue et la mer en ligne de mire.
Pour clore ce périple omanais, cette dernière petite semaine j'ai arpenté la cote et la pointe-Musandam-face à l'Iran-péninsule séparée d'Oman par une frontière avec Dubaï-
J'aurais accompli 2100km à tenter de comprendre, cerner, pénétrer cette terre aride baignée par la mer d'Arabie, le golf d'Oman et le golf d'Ormuz. J'ai découvert la variété de dattes qui se dégustent comme pour les vins: des vingtaines de variétés - dattes noires, noisettes, rondes, ovales, oblongues etc.. Certaines sont accommodées avec différentes épices - graine de sésame, gingembre ...-et le halva couleur caramel noir n'est pas dur comme au Maghreb mais se présente comme une gelée que tu manges à la cuillère -pas fan-,... Pour ce qui est de la cuisine en dehors sans doute de restaurants spécialisés dans la cuisine omanaise, ce sont des plats indiens et des salades sans huile avec de la carotte crue à tour de plats..à la fin tu en as ras le bol de jouer au lapin
la côte qu'aucune route ne borde est inaccessible à l'œil . Pour voir la mer c'est le parcours du combattant, tu dois t'extirper de la 2/4 voies, contourner la barrière de parallélépipèdes et enfin se révèle une bande de sable ourlée par des vagues vertes fluo?-Pollution oblige: des algues vertes s'agglutinent sur le sable-que squattent les barques des pêcheurs et leurs fatras. Ceci est vrai pour ce qui jouxte Mascate en remontant vers la plaine du nord . Vers le sud c'est une autre histoire puisque Mascatte est adossée à la montagne. Pour accéder aux villages - bidonvilles longtemps refermés sur eux mêmes-qui bordent différentes criques en contre bas de la montagne atteignables par le passé uniquement par la mer, des travaux titanesques transpercèrent -éventrèrent-la montagne afin de créer des 4 voies qui partent à l'ascension en montagnes russes des cols /sommets élevés -encore des frayeurs assurées au volant de la berline - Ce que tu as fait dans un sens rebelote dans l'autre sens- A/R- La seule belle plage bordée par une 2/4 voies -aucune construction n'est possible-est celle de Mascate.
Dans l'ensemble du pays, les hommes portent la dishdasha la plus part en blanc avec le port , dans les villes, -de coiffes brodées kumma-assez variées- et ailleurs des turbans -masar-aux couleurs et à la manière de les nouer différentes renseignent sur les tribus. Les hommes sont magnifiques, aux yeux noisettes, jeunes , grands, minces; attentifs à leur tenue, repassée sans un pli -au cordeau- Quelle classe!